LA LITTÉRATURE SANS FICTION

La famille Marchialy, c’est aussi la grande famille des genres et des sous-genres de la littérature du réel. Que l’on invoque la tradition anglo-saxonne de la narrative non-fiction et de la creative non-fiction, ou que l’on se tourne vers des termes plus proches d’une tradition française, tel que le journalisme narratif, le reportage littéraire ou le grand reportage, notre catalogue les accueille tous pour les placer sous l’étendard que nous préférons : la littérature sans fiction.

Comment faisons-nous le grand écart entre une enquête immersive et un récit de voyage en passant par des faits divers ? Comment faire tenir ces textes, au premier abord disparates, dans une même ligne éditoriale ? Grâce à la force des histoires et à la voix de leurs auteur·ices. La narration, c’est le ciment. L’histoire, ses protagonistes et le souffle littéraire sont primordiaux. Ce souci de l’histoire vraie et de l’écriture, bien des auteurs l’ont exploré au cours du XXè siècle, adoptant des genres différents. Ils sont nos guides et nos référents pour dénicher de nouvelles voix en langue française et étrangère. En voici quelques-uns.

Petite galerie mondiale et subjective de la littérature sans fiction en cinq noms :

GABRIEL GARCÍA MÁRQUEZ

Colombie, 1927 – 2014

Prix Nobel de littérature 1982, père du réalisme magique, Gabriel García Márquez Marquez a commencé sa carrière d’écrivain comme journaliste. Il captiva ses lecteurs lorsqu’il écrivit en 1954 dans le grand quotidien El Espectador un feuilleton relatant les mésaventures d’un marin perdu en mer pendant dix jours. Cette série est reprise en un volume en 1970 sous le titre Récit d’un naufragé. En 1995, il crée la Fondation pour le nouveau journalisme ibéro-américain.

NICOLAS BOUVIER

Suisse, 1929 – 1998

Nomade professionnel, pourrait-on dire, Nicolas Bouvier renouvelle le récit de voyage par ses écrits contemplatifs. Ami du temps long et de l’éternel retour vers certaines destinations de prédilection (le Japon, l’Inde), son écriture se singularise par son approche poétique.

RYSZARD KAPUŚCIŃSKI

Pologne, 1932 – 2007

Unanimement considéré comme « le plus grand reporter du monde », Ryszard Kapuścińki a vécu sur tous les continents, couvrant aussi bien les révolutions de son temps que le quotidien d’anonymes. Toute sa carrière il aurait écrit en suivant ce principe : faire voir la mer dans une goutte d’eau.

JOAN DIDION

États-Unis, 1934 – 2022

Les écrits de cette icône du journalisme américain sont l’illustration même d’une littérature sans fiction protéiforme. Entre ses enquêtes publiées dans la grande presse américaine sur la contre-culture aux États-Unis dans les années 1970 et le récit intime écrit après la mort de son mari en 2005, L’Année de la pensée magique, Joan Didion explore des thèmes et des genres multiples.

SVETLANA ALEXIEVITCH

URSS, 1948 – …

La démarche singulière de cette autrice biélorusse lui vaut le surnom de « femme-oreille », car Svetlana Alexievitch écoute, puis rassemble des témoignages dans des œuvres polyphoniques et sensibles qui nous plongent dans l’histoire : la chute de l’URSS dans La Fin de l’homme rouge, ou bien la catastrophe de Tchernobyl avec La Supplication. Elle reçoit le prix Nobel de littérature en 2015.