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Atome 33

Histoire d’une lutte collective contre une pollution industrielle

David contre Goliath, au XXIè siècle, sur fond de pouvoir et d’argent

Rouyn-Noranda est une ville prospère de l’ouest du Québec construite autour de la fonderie de cuivre Horne. Lorsque ses habitants apprennent en 2019 que leurs enfants présentent un taux d’arsenic bien supérieur à la moyenne, ils se tournent vers la fonderie pour lui demander de réduire sa pollution invisible. Ce qu’ils ne mesurent pas alors, c’est l’immense influence de l’entreprise face à eux, qui n’est autre que le géant mondial des matières premières : Glencore.

Grégoire Osoha a suivi l’action collective de ces citoyens déterminés et retrace l’histoire de la fonderie et de la multinationale. Il tente ainsi de comprendre pourquoi il est si difficile d’obtenir gain de cause quand bien même la santé est impactée et pointe les dérives d’un système qui semble prêt à tout au nom du profit.

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« On partage les angoisses qui surgissent la nuit, font blanchir les cheveux, nouent le cerveau dans tous les sens, provoquent des céphalées et empêchent de dormir. Et on parle de l’envie d’agir.  »
Grégoire Osoha

Grégoire Osoha a travaillé plusieurs années pour Amnesty International France, il est aujourd’hui journaliste indépendant, réalisateur de documentaires et de podcasts. Atome 33 est son deuxième livre chez Marchialy après Voyage au Liberland.

PRESSE

« Un sujet passionnant et une écriture qui apporte au réel une belle dose de romanesque.  »
France Inter, à propos de Voyage au Liberland (coécrit avec Timothée Demeillers).
« Une enquête captivante, qui pose de justes questions. »
Le Figaro, à propos de Voyage au Liberland (coécrit avec Timothée Demeillers).

INFOS TECHNIQUES

Littérature française
Reportage
978-2-38134-061-6
224 pages
20 euros
2025

Poursuivez l'aventure

Extrait : Mauvaise nouvelle

La concentration d’arsenic mesurée dans les ongles du fils cadet est quatre fois supérieure à celle du groupe témoin. Pour l’aînée, c’est pire encore.

Lorsque les résultats de l’étude sanitaire tombent, c’est la stupéfaction, y compris pour les médecins de Rouyn-Noranda.

En 2019, lorsque Pierre découvre les résultats de l’étude de santé publique, sa carrière est derrière lui. Grâce à la création de son unité de néonatalogie, la mortalité infantile a fortement diminué dans la région. Plusieurs enfants prématurés, autrefois condamnés à mourir sur place ou à se faire soigner à Montréal, ont pu survivre, se rétablir et grandir à Rouyn-Noranda. Au cours de ses années d’exercice, Pierre a acquis la reconnaissance de ses collègues, qu’il a contribué à former, et de son administration, auprès de laquelle il a glané des financements pour renforcer ses équipements. Plus important encore, il a obtenu la gratitude des parents qu’il a toujours mis au centre du parcours de soins de leurs enfants.

Comment désormais expliquer à ces mêmes parents que leurs petits sont depuis des années exposés à un grave danger ? Pierre est submergé par une profonde lassitude. Il se sent coupable de n’avoir pas pressenti que la présence de cette fonderie qui crache ses poumons sur la ville n’était pas sans conséquence sur la santé de ses patients. Coupable de ne pas avoir joué son rôle de vigie et d’avoir ainsi trahi la confiance placée en lui par la population, ses voisins, ses amis. Il s’en veut aussi d’avoir choisi d’élever et de scolariser ses propres enfants à quelques encablures du démon. Et il s’en veut enfin d’avoir convaincu sa petite dernière, Mireille, de récupérer sa maison, devenue trop grande pour un couple de retraités, afin de s’y installer avec son compagnon et ses deux enfants, pendant que lui et sa femme iraient habiter dans celle du voisin, rachetée à bon prix.

Quelques jours plus tard, sa fille, Mireille Vincelette, reçoit un e-mail du Centre intégré de santé et des services sociaux.

À l’automne 2018, vous avez accepté de participer à l’étude de biosurveillance menée par la Direction de santé publique de l’Abitibi-Témiscamingue. Comme convenu, vous trouverez ci-bas l’ensemble des résultats concernant Camille et Olivier.

La concentration d’arsenic mesurée dans les ongles du fils cadet est quatre fois supérieure à celle du groupe témoin. Pour l’aînée, c’est pire encore. Les résultats indiquent une concentration dix fois supérieure à celle des enfants d’Amos. Mireille et son conjoint commencent par se demander comment ces résultats sont possibles. Camille et Olivier passent le plus clair de leur temps dans une garderie dans le nord de la ville, à l’abri des vents dominants qui charrient habituellement les panaches de la fonderie. C’est vrai qu’ils jouent beaucoup dehors quand ils sont chez eux. Leur maison donne sur le chemin Trémoy, une promenade piétonne le long du lac Osisko. Ils y passent les week-ends à s’amuser et c’est là que Camille a appris à faire du vélo. C’est vrai aussi que la fillette a pris la fâcheuse habitude de porter compulsivement à la bouche tout ce qui lui passe sous la main, à commencer par la neige. C’est plutôt courant par ici. On l’appelle « mangeuse de neige ». Mais tout de même… des concentrations d’arsenic quatre et dix fois supérieures à la moyenne. Évidemment, le couple s’interroge sur la gravité de la situation, mais ça, le document ne le dit pas. La médecin Omobola Sobanjo, qui signe la missive, les invite seulement, « si vous avez des questions ou si vous souhaitez obtenir d’autres explications », à communiquer avec l’équipe de biosurveillance par téléphone ou par e-mail en attendant qu’un rapport plus complet soit rendu public. Le couple est sous le choc. Et ils ne sont pas les seuls.

 

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