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Le Voleur d’art

Une histoire d'amour et de crimes

Traduit de l'anglais par Julie Sibony
Si Arsène Lupin avait existé, il se serait appelé Stéphane Breitwieser

Un gentleman-cambrioleur agit avec habileté et classe, sans jamais recourir à la violence, guidé par un certain sens de l’honneur. Pendant huit ans, Stéphane Breitwieser, originaire de Mulhouse, a commis avec sa compagne près de 250 vols dans des musées français, suisses et belges, en plein jour, au nez et à la barbe des gardiens et des visiteurs. Leurs attributs : un grand manteau et un couteau suisse. Entre 1995 et 2001, la valeur totale de leurs larcins a été estimée à plusieurs millions d’euros. Alors comment les Bonnie et Clyde des musées ont-ils réussi ces vols en série sans se faire prendre pendant si longtemps ? Il leur aura fallu beaucoup de sangfroid, pas mal de créativité et une bonne dose de passion.

MICHAEL FINKEL est fasciné par les personnalités obsessionnelles. Quand il quitte les États-Unis pour s’installer dans le sud de la France, il en profite pour rencontrer le célèbre voleur d’art français et se documenter sur son histoire singulière. Le résultat est un récit rocambolesque et psychologique dans l’héritage de la plus pure tradition de la narrative non-fiction américaine. Ses précédents ouvrages True story : le journaliste et le meurtrier (Fayard, 2013) et Le Dernier Ermite (Lattès, 2017) ont rencontré un immense succès international.

PRESSE

« Une enquête au scalpel et un sacré polar. »
France Inter
« Michael Finkel dresse un portrait enquêté de Stéphane Breitwieser qui invoquait l'amour de l'art pour justifier le vol de près de 200 tableaux et sculptures dans des musées.  »
Libération
« La vie secrète du voleur Stéphane Breitwierser, « l'Arsène Lupin des musées » »
Beaux Arts

INFOS TECHNIQUES

Littérature étrangère
Faits divers
978-23-81340-55-5
350 pages
22 euros
2024

Le journaliste et le voleur

Pour écrire Le Voleur d’art, Michael Finkel a dû gagner la confiance de Stéphane Breitwieser. Celui-ci lui a accordé de longs entretiens et l’a accompagné visiter quelques musées.

« Il m’a parlé de l’intense émotion contenue dans cette toile. Et il a même versé une larme. »

Qu’est-ce qui vous a le plus fasciné dans l’histoire de Stéphane Breitwieser ?

Tout d’abord, le nombre ahurissant de ses vols. Peu de voleurs dans l’histoire sont parvenus à cambrioler ne serait-ce qu’une dizaine de musées au cours de leur vie. Stéphane Breitwieser, avec l’aide de sa petite amie, a dérobé plus de 300 objets d’art dans 200 endroits différents. Pendant sept ans, il a commis en moyenne un vol tous les douze jours, ce qui représente une cadence inimaginable. Son mode opératoire aussi est intrigant. Ses vols ont tous eu lieu pendant les heures de visite. Parce qu’il misait exclusivement sur sa discrétion, son instinct et son agilité physique, il n’a jamais eu besoin de brandir une arme ni même de menacer personne. Encore plus intéressant est le pourquoi de ses crimes. Contrairement à presque tous les voleurs d’art, Breitwieser n’était pas motivé par l’appât du gain. Il n’a jamais cherché à revendre les oeuvres qu’il dérobait. Il volait uniquement – et il y tient – par amour de l’art, par soif de beauté. Et puis il y a cet antre secret où il entreposait son butin pour pouvoir le contempler à sa guise et la relation triangulaire entre la mère, le fils et la copine. C’est une histoire à peine croyable, et pourtant parfaitement véridique. Quand on dit que la réalité dépasse la fiction…

Comment vous y êtes-vous pris pour gagner la confiance de Breitwieser ?

En un mot : lentement. Il m’a fallu plus de dix ans pour reconstituer son histoire. Je lui ai écrit pour la première fois en 2012, afin de solliciter une interview. Je vivais aux États-Unis à l’époque, mais j’avais entendu parler de lui grâce à un article dans l’édition numérique du journal L’Alsace. Par la suite, j’ai déménagé dans le sud de la France avec ma famille ; un rêve de toujours, qui n’avait rien à voir avec Breitwieser. Nous avons continué à correspondre épisodiquement pendant quatre années avant qu’il accepte de me rencontrer pour déjeuner. Et encore, il s’agissait juste d’une prise de contact. Finalement, il a bien voulu m’accorder une série d’entretiens en bonne et due forme (et en français !). Nous avons aussi fait deux excursions d’une journée pour aller visiter des musées qu’il avait jadis pillés. Lorsque, en mars 2023, j’ai assisté à son dernier procès en date, il s’était écoulé presque onze ans depuis l’envoi de ma toute première lettre.

Qu’est-ce que ça fait de visiter un musée avec Breitwieser ?

C’est un peu comme d’assister à une performance artistique ! Breitwieser a le don de passer inaperçu, de se fondre dans le décor. Souvent, il volait en présence d’autres gens, y compris de gardiens. Les fois où j’ai visité un musée avec lui, je l’ai vu passer sans s’arrêter devant les oeuvres qui ne l’intéressaient pas. Mais dès qu’il tombait sur une pièce qui le touchait, ses yeux s’écarquillaient d’émerveillement. Le front plissé, il se penchait le plus près possible de l’objet en question, et il émanait alors de lui une énergie quasi électrique. Tandis qu’il examinait un tableau de la Renaissance, je lui ai demandé à quoi il pensait. Il a commencé par me décrire en détail les effets produits par les couleurs et la légèreté aérienne des coups de pinceau. Puis, après s’être assuré d’un simple regard de l’absence de gardiens et de caméras de surveillance dans la salle, il m’a attrapé la main et m’a fait caresser du bout des doigts la surface du tableau pour que je puisse sentir les reliefs de la peinture. Il m’a parlé de l’intense émotion contenue dans cette toile. Et il a même versé une larme.

Après en avoir fini avec la description de l’oeuvre elle-même, il a enchaîné sur la manière dont elle était fixée au mur. Il m’a indiqué à quel endroit il pourrait se débarrasser du cadre et m’a mimé la façon dont il la dissimulerait dans son dos, sous sa veste. Il m’a montré à quelle allure il marchait quand il sortait d’un musée, m’a raconté comment il prenait la fuite en voiture : en roulant d’abord prudemment jusqu’à quitter les limites de la ville, puis en fonçant le plus vite possible une fois sur la route.

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